Les murs de séparation aujourd’hui dans le monde
De la Grande muraille de Chine au mur de Berlin en passant par le mur d’Hadrien, l’homme a toujours eu le souci d’ériger des frontières physiques face à un peuple « ennemi ». Si de nos jours, la mondialisation et la révolution des transports ont permis de faciliter les déplacements de population sur la planète, elles ont aussi forcé certaines sociétés à bâtir de nouveaux murs pour se préserver de populations parfois indésirables…
L’existence de ces murs est une réponse à des problématiques multiples et complexes.
En effet, certains murs ont été construits entre deux pays en conflit. C’est le cas, par exemple, de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare la Corée du Nord et la Corée du Sud de part et d’autre du 38ème parallèle : surveillée par plus d’un million de soldats, elle mesure 250 kilomètres et est régulièrement le théâtre de fortes tensions. En Irlande du Nord, la guerre civile a également engendré la construction de dizaines de murs à Belfast et Derry. Ces 99 « murs de la paix » avaient pour objectif de faire face aux violences entre catholiques et protestants.
Parfois, des contentieux idéologiques font partie de ces conflits. Les murs construits par Israël depuis 2002 ont pour objectif affiché d’empêcher l’intrusion de Palestiniens sur le territoire national. Mais ces derniers dénoncent de leur côté une tentative déguisée de vol de leurs territoires, cette barrière israélienne incluant des territoires cisjordaniens colonisés. L’Inde a entrepris en 2007 la construction d’un mur de 4 000 kilomètres tout autour du Bengladesh, peuplé majoritairement de musulmans, par peur de flux migratoires importants, de trafics d’armes et de drogues, et d’attaques terroristes.
Plus récemment, les Etats ont en effet voulu se prémunir d’un risque d’immigration massif. Le cas le plus classique correspond à une migration allant d’un pays en développement et à forte croissance démographique vers un pays développé. En Espagne, cela a provoqué la construction de séparations physiques au milieu des années 1990 entre les enclaves de Ceuta et Melilla et le Maroc. Aux Etats-Unis, les attentats du World Trade Center ont généré un sentiment isolationniste et l’amélioration du contrôle des frontières : il en a découlé le renforcement d’une barrière de séparation entre les Etats-Unis et le Mexique, comprenant d’importants moyens technologiques. En 2012, la Grèce a initié la construction d’un mur pour se protéger d’une immigration provenant de Turquie.
D’autres murs peuvent aussi avoir d’autres explications. Au Sahara occidental, le Maroc a construit plusieurs milliers de kilomètres de murs pour marquer son territoire. En Syrie, la guerre civile actuelle a provoqué la construction de murs autour des quartiers de Bab Amru, hostile au régime, et de Al-Zahra, favorable à Bachar el-Assad.
Bien d’autres murs existent encore, comme à Chypre, en Asie centrale ou dans la Péninsule arabique. Ces dernières années, on compte d’ailleurs bien plus de murs en voie d’édification que de démolition. Ainsi, l’ère du déplacement libre des hommes sur Terre n’est pour l’heure pas d’actualité…